Juin 2013
L’étude des trajets des enfants autistes réalisés par le réseau de Fernand Deligny pendant une décennie ouvre à une réflexion sur les déterminismes du déplacement, notre capacité à exprimer notre propre identité mobilitaire et sur l’invisible en jeu dans le rapport à l’espace et aux autres. Plus largement, c’est une mobilité comme manifestation ontologique que nous sommes amenés à concevoir.
De la vie de Fernand Deligny (1913 – 1996), il faut dire quelques mots avant de nous plonger dans le champ d’expérimentation qu’ouvre son œuvre. L’auteur des Vagabonds efficaces a consacré sa vie aux enfants retenus hors de notre langage, enfants autistes, d’abord au sein d’institutions, puis, échappant à leurs murs, au sein du « réseau » de prise en charge qu’il a mis en place, au cœur des Cévennes. Les étiquettes sont réticentes à coller au personnage : éducateur, thérapeute, écrivain, essayiste, artiste, maître à penser, communiste… Nous ne les citons que pour mieux les abandonner. Les mots peinent à cerner cet homme qui s’est astreint toute sa vie à battre les sentiers en dehors du langage. C’est là qu’il vécut. C’est là que nous nous proposons de le retrouver aujourd’hui. Sur ces sentiers qu’il nous laisse (suivre… (dé)faire… à notre tour).
Les travaux de Fernand Deligny souffraient depuis quelques années d’une relative confidentialité due à l’épuisement de nombreux ouvrages, même si des expositions ont continué de montrer certains travaux de son « réseau », ou certains films. Ce fut le cas de l’exposition inaugurale du Lam à Villeneuve d’Ascq, en 2010, intitulée Habiter poétiquement , qui consacra toute une salle à la présentation de lignes d’erre et à la projection du film Ce gamin, là . Les éditions L’Arachnéen ( http://www.editions-arachneen.fr) ont commencé de remédier à cette situation en publiant, en 2007, un volume de 1845 pages (Fernand Deligny, Œuvres ) regroupant un grand nombre de textes, analyses et documents. Deux passionnants ouvrages viennent s’ajouter cette année : Cartes et lignes d’erres, Traces du réseau de Fernand Deligny, 1969 – 1979 et Journal de Janmari .
Une pratique de représentation des déplacements comme mise en relation
Notre propos va s’appuyer sur la surprenante production de cartes et trajets dessinés à laquelle se sont livrés les animateurs du réseau Deligny. Le statut de ces documents pose-t-il vraiment question ? Dans son introduction, Sandra Alvarez de Toledo prend position : « Malgré leur séduction graphique, ces transcriptions résistent au statut d’œuvres d’art, brut ou conceptuel. » [1] Il n’est pas certain que Dubuffet aurait été si réticent à les rapprocher d’une forme d’art brut. Exécutées par des « hommes du commun » [2] , ces lignes d’erre nous semblent une illustration possible de la définition de l’art que propose Nicolas Bourriaud : « l’art est une activité consistant à produire des rapports au monde à l’aide de signes, de formes, de gestes ou d’objets. » [3] Tant d’un point de vue esthétique que par leur capacité à « rendre visible », pour reprendre les mots de Paul Klee, [4] à susciter émotions et pensées, à faire voir ce que les autres ne voient pas, leur inscription dans un moment de l’histoire de l’art nous semble acquise et explique leur présence dans des expositions, de Cartes et figures de la terre , au Centre Pompidou, en 1980, à Habiter poétiquement , au Lam, en 2010.
Ces « lignes d’erre » ont été principalement réalisées sur une décennie, du milieu des années 1960 au milieu des années 1970. Jacques Lin, l’une des « présences proches » qui s’occupaient des enfants, se plaignit un jour de les voir se cogner la tête contre des pierres et de sa souffrance de ne pouvoir entrer en relation avec eux par le langage. Fernand Deligny lui recommanda de tracer des lignes qui transcriraient leurs déplacements quotidiens. D’initier une approche, non pas à travers la parole, absente chez ces enfants, mais à travers leurs cheminements.
« Deligny propose de cesser de les "regarder avec des mots", comme nous le faisons sans cesse à l’égard de nos "semblables", les attendant au tournant de nos interprétations et de nos projets langagiers, pour les "suivre avec des traits", les suivre à la piste, découvrir où est leur monde, qui n’est (in)visiblement pas le nôtre. […]D’où cette entreprise étonnante de la construction d’un pays inédit (le contraire exacte d’une utopie) dans lequel, au fur et à mesure d’une lente chorégraphie, il s’est agi d’amener à se superposer sans jamais se confondre ces deux territoires, ces deux mondes de trajets, les nôtres faits de mots, les leurs faits de présence, et dont les cartes, les relevés de lignes d’erre, apportent témoignage. Non pas les amener là où on voudrait qu’ils soient (les éduquer ou les soigner), mais se rendre là où ils sont pour y proposer une expérience commune, au sens fort du mot "commun". » [5]
Où la manifestation d’exister s’exprime par le pas et le dessin de son erre. Une activité intense de réalisation de cartes de fond (topographies des lieux de résidence appelés « aires de séjour ») et de calques à leur superposer (retraçant les trajets des enfants) commença, menée par chacune des présences proches. Des réunions régulières donnaient lieu à discussions et permettaient à Deligny de faire part de ses réflexions.
« Erre : le mot m’est venu. Il parle un peu de tout, comme tous les mots. Il y va d’une "manière d’avancer, de marcher", dit le dictionnaire, de "la vitesse acquise d’un bâtiment sur lequel n’agit plus le propulseur" et aussi des "traces d’un animal". Mot fort riche, comme on le voit, qui parle de marche, de mer et d’animal, et qui recèle bien d’autres échos : "errer : s’écarter de la vérité… aller de côté et d’autre, au hasard, à l’aventure". J. J. Rousseau le dit : - "voyager pour voyager, c’est errer, être vagabond." C’est aussi "se manifester ça et là, et fugitivement, sur divers objets, sourire aux lèvres". » [6]
Ce que révèle le déplacement mis en dessin
« Erre » : il fallait à Deligny un terme d’horizons larges. Un jeu d’écho avec les [ƐR] de séjour. Les déplacements s’inscrivent autour d’un lieu de résidence donné, avec ses repères liés aux activités du quotidien, ses rituels, de jour en jour, recommencés. Il arrive qu’un changement plus fondamental de lieu, à la suite d’une « transhumance » (ralliement à pieds d’une autre aire de séjour du réseau, souvent en compagnie d’un troupeau de quelques bêtes), permette l’expression de nouvelles attitudes de déplacements.
« Vingt kilomètres, ce jour là, de l’ancien lieu au nouveau, à travers les vagues érodées de la chaine hercynienne. […] Le troupeau n’en revient pas, perplexe devant ce trajet d’aujourd’hui qui n’en finit pas et n’y revient pas au lieu coutumier. » [7]
« […] reste à partir voir un peu ce qui dans un lieu tout neuf va ressurgir pour qu’à nouveau les initiatives soient suscitées. C’est ce que nous avons appelé la recherche de N. Une majuscule qui n’évoque pas le Nord. Il s’agit de Nous, mais pas de nous en personne, il ne s’agit pas du bonhomme, serait-il une bonne femme. Il s’agit d’autre chose, N. Comme il y a une géographie du corps, il y aurait une géographie repérable de l’espace humain. » [8]
Les successions de dessins témoignent de « mille et une pistes prises et reprises » [9] sur cette « géographie repérable de l’espace humain ». Les cheminements des adultes se conjuguent aux cheminements des enfants. Les « projets » des trajets des adultes apparaissent clairement : chercher de l’eau, du bois… A leurs lignes est associé un but, directement accessible et compréhensible pour nous, quand celles des enfants se font sinueuses, tournent sur elles-mêmes.
« Cet enfant-là tourne autour de RIEN sur rien éperdument perdu c’est donc qu’il le chercherait ce lui-même qu’il se chercherait ? » [10]
Que contient ce « RIEN », qui, pourtant, décide du mouvement ? Il ne faut pas exclure le vide. Deligny l’envisage, mais ne s’y arrête pas pour autant. Le langage achoppe, une fois de plus. Nous suivons, à travers ces « tracer », des pistes, au sein d’un espace hors-langage. Seul, le trait. La ligne. Le recommencement. Le cheminement exprime. Il exprime pour exprimer. Le trajet est pressenti comme voi(e)(x) de communication – fût-elle hermétique.
« […] la communication, outre le fait d’établir la relation, est aussi la chose que l’on communique, le moyen et le message ; et aussi le passage d’un lieu dans un autre ; et la porte, la route sont communication ; à ne plus pouvoir distinguer la fin et le moyen ; si la communication est la voie, c’est de trajets qu’il s’agit ; si elle est voix, c’est le langage. […] Ce qui revient à dire que les détours de l’agir ne sont que détour du dire. » [11]
Eternel retour, par le biais de ces trajets, à la question du langage. Il ne s’agit pas de dire que les enfants veulent communiquer, précise Deligny, mais que leur déplacement communique. Les lignes d’erre explorent les liens entre l’Agir (marcher et les gestes qui l’accompagnent) et le dire – un dire existentiel qui rappellerait le dire du poète, le dire fondateur, ce dire examiné par Heidegger qui instaure l’ être-là au monde ( Dasein ).
« Le langage n’est pas un instrument disponible ; il est, tout au contraire, cet avènement ( Ereignis ) qui lui-même dispose de la suprême possibilité de l’être de l’homme. » [12]
Avec ses mots, Deligny écrit :
« Tracer [des lignes d’erre] est trace d’être, si on entend que cet être-là n’est pas un ; il s’agit d’être et non pas de l’être et tracer alors ne représente rien. » [13]
A quoi obéit la mobilité individuelle ?
Les relevés sur les cartes interrogent notre logique du déplacement. Notre approche rationnelle. Une forme de gratuité dans les embardées des enfants vient heurter la prévalence téléologique des déplacements des sociétés modernes. Ne sommes-nous pas habitués à ce que le mouvement soit fonction d’une efficacité économique : gagner du temps / ne pas en perdre / optimiser, comme on gère de l’argent ? Loi de rentabilité financière, appliquée à la mobilité. Le déplacement pour lui-même est rare, même dans la sphère des vacances ou des loisirs où la performance et la gestion du temps entrent encore souvent en jeu.
Mais peut-on, avec assurance, parler de gratuité en parlant des lignes d’erre et de leurs détours ? Peut-être. A moins que ce ne soit pas si simple. Faudrait-il plutôt dire que les enfants se déplacent simplement en fonction de ce qu’ils sont ? En fonction d’un rapport intime (intimité sui generis , propre à chacun) avec l’aire/erre ?
Leurs déplacements témoignent d’une relation. Relation avec… avec cet invisible que Deligny ne nomme pas (est-ce possible ? nécessaire ?). D’aucuns pourront suggérer des effets d’émotions. Ou encore le jeu d’énergies : Deligny note à quel point les enfants sont attirés par l’eau (Janmari découvre même des sources enfouies). Gardons à l’esprit cette image du sourcier. Il est intéressant, à ce propos, de rapprocher les mots de Deligny sur la peinture aborigène australienne, dans son essai L’Arachnéen , des dessins que réalise Janmari, enfant, dans son journal.
[à propos du geste du peintre aborigène :] « […] dans les mouvements de la main qui réitère des trajets, qui passe et repasse là où la main doit passer ; et cette main n’est pas la sienne. C’est une main quelqu’une dont il dispose comme il dispose du petit bâton mâché à un bout qui lui sert de pinceau : l’humain est à l’œuvre. » [14]
Nous extrapolons peut-être sur une simple identité de forme, mais les petits cercles que Janmari accumule, sur des pages et des pages, offrent une singulière ressemblance avec les trous d’eau réalisés par les peintres aborigènes, eux-mêmes adeptes du motif de la répétition. Rappelons que la peinture aborigène australienne est principalement la représentation d’une topographie, celle du Temps Mythique du Rêve . Les dessins d’espaces, les lignes, les points, toute forme manifestent les déplacements des ancêtres qui ont modelé le territoire du continent et continuent de dicter l’organisation qu’il doit connaître, à travers les artistes qui leur sont liés.
Doit-on voir, dans ce rapport à l’eau, une preuve de la capacité des sens à la radiesthésie ? Il faudrait alors ajouter aux dessins sur les cartes de fond, en plus des représentations visibles de l’environnement, tout un relief énergétique.
« L’univers dans lequel nous vivons est un univers vivant, où chaque chose et chaque créature évoluent dans un flux infini et ininterrompu d’énergie . » [15]
Ce serait en tout cas une piste possible pour essayer d’approcher d’un peu plus près ces déplacements qui échappent en effet au langage, celui-ci étant à ce point cantonné soit à la matière, soit à l’abstraction, qu’il peine à rendre compte de la pleine épaisseur du réel. Cette épaisseur se fait tout particulièrement pressentir aux lieux des très fréquents points d’intersection des lignes d’erre. Deligny les désigne sous le terme de « chevêtre ».
« D’un chevêtre on peut donc dire qu’il est la cause qui nous échappe de ce qui nous échappe. Par exemple l’attirance pour l’eau est un fait très commun à tous les gosses autistes. De même le fait que devant une fourche de chemins, il y ait arrêt, balancement. C’est un fait commun des lignes d’erre. Le terme de chevêtre désigne donc simplement ce fait qu’il y a quelque chose qui attire bon nombre de lignes d’erre. » [16]
« Quelque chose »… « qui attire… » Le parallèle avec l’image du sourcier dont le déplacement sur un terrain obéit à la proximité de l’eau, au croisement de sources, est étonnant. Est-ce l’intuition d’un invisible de cet ordre auquel les propos de Deligny doivent nous conduire ? Faut-il plutôt l’envisager sous l’angle d’une réalité beaucoup plus abstraite ou bien comme le pur phénomène d’une psychologie qui nous échappe ?
« Tracer qui permet de voir […] encore faut-il que ce lui [sic] là qui s’y met, à tracer, s’apprête bien volontiers à voir autre chose que ce que son regard lui rapporte. » [17]
Ce que l’on peut affirmer, c’est que la ligne d’erre nous donne à voir au-delà du regard. Le cheminement est expression d’un au-delà, qui n’a rien de mystique, bien au contraire, c’est d’un au-delà au sein du réel (sous le premier tissu du réel) dont il est question. Cheminer exprime au-delà des mots, au-delà du regard. Cheminer exprime donc au-delà des sens.
De nouveau, l’analyse rejoint l’ontologie. La démarche de Deligny pourrait-elle être comparée à celle de Nietzsche s’en remettant à la poésie après avoir constaté l’impossibilité de la parole à faire philosophie (s’ensuivra la composition d’ Ainsi parlait Zarathoustra ) ? Avec Deligny, l’impossibilité serait aussi du côté du langage et l’agir : les modes du cheminer, seraient les termes utiles à l’approche d’une philosophie nouvelle.
« à force d’en tracer
des lignes d’erre
à partir de chaque enfant là
nous en arrivons à voir un peu ce qui ne nous regarde pas
je veux dire ce que notre regard aveugle de parlant
a bien du mal à voir
nous
il lui a poussé comme un corps
tracé en gris
presque aussi noir que l’eau
à force d’y être là sans doute
et d’aller et de venir » [18]
Des déterminismes de la mobilité à l’épanouissement d’une identité mobilitaire émancipatrice
L’œuvre-vie de Deligny interroge notre aptitude à fabriquer notre propre manière de nous déplacer, à nous mouvoir selon nous-même, ce que nous sommes, ce que nous ressentons, ce que nous entretenons comme rapports à l’espace, et non pas selon un apprentissage du déplacement, obéissant à des règles extérieures à nous-mêmes, que nous aurions peu à peu intégrées. Dans sa préface, Sandra Alvarez de Toledo parle du rapport aux cartes du réseau Deligny comme d’une « expérience de déconditionnement. » [19]
Quelle part de liberté et quelle part de nous-même décident de notre mobilité ? La fréquentation des lignes d’erre nous invite à réfléchir aux lois qui organisent nos modes de déplacement. A réfléchir à leur provenance, à ce qui nous est dicté par une forme d’organisation sociale et économique. Reprendre autorité sur notre manière de nous déplacer, c’est créer un lien avec ce que l’on est, et c’est créer un lien plus étroit entre ce qui nous constitue et le réel. C’est ouvrir nos sens, laisser place à tout un tissu d’intuitions et de sensibilités que nous sommes si peu habitués à laisser prendre le contrôle. Nous sommes appelés à devenir sourciers (pour continuer de filer ce lien de Janmari avec l’eau), c’est-à-dire à développer nos perceptions, les capacités et spécificités de notre être, en fait : à développer notre identité mobilitaire propre. Dans les Cahiers de l’immuable , Deligny écrit :
« Sourcier, ce novateur social ? Pourquoi pas ? Sourcier, n’importe qui l’est qui s’exerce à percevoir les vibrations qui lui chatouillent la plante des pieds et la colonne vertébrale et en arrivent aux mains – ou aux mots ? – cependant que ce qu’il peut (en) penser est bien en veilleuse. » [20]
La pratique du tracer, suscitée par Deligny, opère un double mouvement : à la fois vers l’autre mais aussi vers soi-même. Le déplacement, expression de l’être de l’autre, point de contact, pour moi, avec l’existence de l’autre, est aussi le lieu d’avènement et de propagation de l’essence de mon être.
« Ce qui est à transcrire, c’est nous autant que faire se peut. » [21]
Approcher Deligny impose d’accepter une profonde remise en cause. C’est au prix de cet effort que les horizons s’ouvrent.
« C’est ce que j’entends à propos des CARTES et de leur histoire. Nées des anxiétés de Jacques "responsable", servant à répondre des gamins aux parents, elles ont été détournées : ni instrument d’observation ni instrument d’interprétation. Détournées vers le déconcertant. C’est votre attention au déconcertant, la disponibilité à ce qui brise routines et disciplines qui est la définition même de la position libertaire du réseau. » [22]
En quelques mots, Deligny écarte les instruments communs et confortables de l’analyse : observation et interprétation. A la place, il propose, de (se) déconcerter. Les lignes d’erre sont d’abord une invitation à « briser » les cadres d’analyse, les compréhensions toutes faites, les mots-valises. La fluidité des lignes d’erre est l’affirmation d’une prise de pouvoir d’un homme libéré de tout déterminisme sociétal. Le trajet, n’obéissant qu’à l’individu, dans son essence et rapport à l’environnement, et à rien d’autre, matérialise une forme de plénitude de l’être. Où la réappropriation totale du déplacement par l’individu serait la condition première de la possibilité pour lui de remettre en cause et d’interroger tout l’édifice langagier et les structures logiques qui organisent nos modes de pensée, de représentation, et d’organisation sociale. La ligne d’erre, le déplacement, est une naissance et une prise de pouvoir.
« Lignes d’erre ? S’agit-il de trajets ? Aux trajets scrupuleusement retracés, nous y reviendrons. En ce moment, c’est des radeaux [23] qu’il s’agit, trois cartes escortant un événement : la transhumance du troupeau. […] Lorsque la ligne d’erre passe à FAIRE grâce, semble-t-il, à l’usage, au maniement, au manier d’une dérive, le tracé à l’encre veut la frôler. Les lignes d’erre ne sont donc pas – lorsque les cartes sont de radeau – des trajets retranscrits, des traces. Elles sont des manières d’être dans la recherche de ce qui, venant de nous, permet. » [24]
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