4 avril 2022
Le Forum Vies Mobiles a initié une démarche de démocratie participative consacrée à la mobilité et aux modes de vies. Marqué par les crises sociale (Gilets Jaunes), sanitaire (Covid-19) et écologique, ce Forum Citoyen a mis en évidence une aspiration à vivre autrement (avant même la crise, huit Français sur dix déclaraient aspirer à ralentir au quotidien et à vivre en plus grande proximité). Un appel à des rythmes de vie moins intenses et une opportunité pour réussir la transition écologique et sociale. À l’heure de la parution du nouveau rapport du GIEC, le Forum Vies Mobiles met sur la table 18 propositions à l'attention des élus et des décideurs.
Les Français parcourant en moyenne 60 km par jour, très peu d’entre eux peuvent réellement se passer de voiture. Cette dépendance s’est vue renforcée depuis des décennies par un aménagement qui sépare et éloigne les lieux à rejoindre au quotidien avec les logements d’un côté, les zones industrielles ou de bureau d’un autre et les centres commerciaux ailleurs encore. Mais la moyenne masque de fortes inégalités : les temps de déplacement des Français varient de 1 à 30 et les distances qu’ils parcourent de 1 à 60. Ainsi, si 30% des Français parviennent à vivre en proximité, ce n’est pas le cas des autres, en particulier de tous ceux dont le travail nécessite des déplacements au quotidien qu’ils soient conducteurs, livreurs, aides à domicile, artisans, ou agents d’entretien, ... Seuls les centres des plus grandes villes voient se multiplier les transports alternatifs (tram, VTC, vélo en libre-service, … demain taxi autonome voire volant ?) qui viennent s’ajouter sans ordre à l’offre historique (car, train, métro). Or, aujourd’hui, l’essentiel des déplacements ne passe plus par les centres-villes. Sans compter que, dans cette « France éclatée », les habitants ne disposent pas tous des mêmes ressources pour se déplacer. Avec des ménages ruraux et péri-urbains qui consacrent 21% de leur budget à la mobilité 1, la limitation de la vitesse autorisée ou le relèvement du prix à la pompe sont sources de crispations légitimes, mises en évidence par le mouvement des Gilets jaunes.
Si les Français souffrent directement des inévitables frictions engendrées par ces déplacements trop importants (stress, congestion, pannes, retards, accidents, etc.), ceux-ci sont d’autant plus dommageables que leur impact sur l’environnement ne cesse d’augmenter. Le secteur des transports représente déjà plus de 30% des émissions nationales de CO2 2. À elle seule, la voiture en est responsable de près de la moitié. La taxe carbone pèse plus fortement sur le budget des ménages les plus pauvres mais a peu d’effets sur les modes de vie des plus riches 3, pourtant les plus émetteurs de CO2. Les plus hauts revenus parcourent 160 kilomètres de plus chaque semaine 4... Inéquitable, la taxe carbone est ainsi inefficace !
Pourtant les Français, et tout particulièrement les jeunes, souhaitent relever le défi posé par la crise climatique. Pour preuve, 91% des Français souhaiteraient pouvoir réduire l’impact écologique de leurs déplacements quotidiens et 51% se donnent moins de 5 ans pour réussir à utiliser des moyens de déplacement moins polluants 5. L’enjeu réside donc dans la mise en œuvre de solutions nouvelles qui apportent une alternative réelle à la voiture.
Pour accélérer la transition sociale et écologique des modes de vie et répondre aux aspirations des Français, il faudrait favoriser des modes de vie moins intenses en commençant par la réduction des déplacements les plus contraints (travail, santé, courses, accompagnement). À ce titre, il apparaît nécessaire de réaménager le territoire en concevant de nouveaux bassins de vie, grâce à la relocalisation des emplois, des services (alimentation, santé, loisirs, ...) et des équipements du quotidien autour des habitations. Outre le développement de nouveaux liens économiques et sociaux, ces nouveaux pôles de vie permettant d’accéder à l'essentiel des services de proximité dans un rayon de moins de quinze kilomètres sont propices aux mobilités actives et permettraient de réduire les dépenses liées aux déplacements (carburant, entretien des véhicules, etc.), au bénéfice de la santé et du pouvoir d’achat des Français. Sachant que plus une ville est grande, plus on s’y déplace (le Grand Paris arrivant donc en tête), cela devrait s’accompagner d’un arrêt de la course à la taille que se livrent les plus grandes des métropoles et de l’hyper-concentration qui en résulte. Le désir d’une partie des Français de les quitter, réactualisé par la crise sanitaire de la Covid-19, est une opportunité pour réaménager le territoire national et ainsi accélérer la transition écologique.
Aménager le territoire pour réduire les distances et les temps de trajet quotidiens :
Planifier et réaliser un système alternatif à la voiture individuelle et à l’avion à l’échelle nationale :
Impliquer les organisations dans l’apaisement des modes de vie et la lutte contre les émissions de CO2 :
Pour en finir avec les injonctions contradictoires liées à la production, la vente ou l’utilisation de transports polluants :
Lutter contre les inégalités face à la mobilité :
Associer les citoyens aux décisions impactant leurs modes de vie, l’environnement et l’aménagement du territoire :
Rendre plus concrètes les émissions carbones de chacun :
1 Source : Mobilités dans les espaces peu denses en 2040 : un défi à relever dès aujourd'hui – Rapport d’information du Sénat, 2021 ( lien)
2 Source : Chiffres clés - ADEME, 2018 ( lien)
3 Comme cela été reconnu dans le« Rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État »dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) 2021 ( lien)
4 Source : Enquête nationale mobilité et modes de vies 2020 – Forum Vies Mobiles ( lien – page 17)
5: Source : Les déplacements des Français – IPSOS, 2022 ( lien)Other publications