Aline Mainix a 29 ans. Elle fait le tour du monde avec son compagnon, Guillaume, depuis 18 mois. Ultra-connectée, chez elle partout et nulle part, sa maison tient dans un sac à dos. Elle vit entre bénévolats et hébergements chez des proches. Elle est nomade.
Quand Aline relate sa nouvelle vie, sa voix est posée. Elle raconte les voyages, les galères liées aux déplacements, les bénévolats qui tournent mal et ceux qui réussissent. Son débit de parole s’accélère lorsqu’elle aborde le burn-out qui l’a conduite à changer de mode de vie. Aujourd’hui, elle aime prendre le temps d’être là où elle est.
Aline ne peut pas se passer du contact avec sa famille. En conséquence, elle est ultra-connectée. Le couple tient un blog, « Le monde à deux », possède des comptes Facebook, Twitter et Instagram, se renseigne sur les possibilités de bénévolats par les sites WorkAway et HelpX et communique par What’s app et Skype.
Où j’habite ? Partout. (Rires) Et nulle part à la fois. J’habite là où je suis au moment où je suis. Je ne peux pas me rattacher à un lieu. Mon foyer de cœur reste chez mes parents et mon frère qui bougent également beaucoup. Les lieux de vie, eux, changent tout le temps. (Rires)
On a commencé par la Russie, 12 jours. Ensuite, nous sommes allés en Mongolie pendant 1 mois et demi, en Chine pendant 2 mois, puis ce fut le Japon durant 2 mois, Taiwan, 1 mois et demi, le Vietnam, 4 mois, la Malaisie 6 mois, le Cambodge, 1 mois et la Thaïlande, 1 mois.
Après, on évite de planifier. Nous avions prévu un tour du monde d’un an, très classique, avec des billets d’avion entre chaque étape. On a vite laissé tomber. Ça allait trop vite pour nous. Aujourd’hui, nous sommes en pause. L’étape, c’est la Suisse (NdR : lieu de l’interview). Après, je remonte à Paris pour l’anniversaire de mon oncle et ma tante. On bouge également en France du fait d’une famille un peu éclatée. Pour la suite, on a beaucoup d’envies. Ce sera l’Europe, l’Australie ou l’Amérique du Sud. On ne sait pas où, mais on sait qu’on repart.
Il y a deux choses. La première partie concerne le bénévolat trouvé en général par internet. Je ne gagne pas d’argent, mais je travaille quasiment tout le temps. En échange, on est logés et nourris. Chez les hôtes, la vie se fait de manière intuitive et assez naturelle au travers d’échanges.
Puis une autre partie, moindre, concerne la recherche d’un endroit pour dormir. Une fois sur place, on se demande si l’on va faire un tour, comment réorganiser le départ, etc… C’est vraiment un travail de se poser pour rechercher et continuer le voyage.
Beaucoup d’activités sont en nature et au sein des fermes car l’on ne voulait pas enseigner l’anglais. De plus, on s’est aperçus que les fermes nous correspondaient bien. C’est vraiment un apprentissage pour un éventuel projet futur. On a aussi travaillé en cuisine, dans le tourisme autour du poivre ou à propos de la sensibilisation sur les abeilles au Vietnam.
Je crois que j’aime tout en fait. On a marché, fait du vélo, utilisé les bus et les trains, parfois dans des conditions épouvantables. En Chine, c’était jusqu’à 18 heures de train assis au milieu de tout le monde. On a pris l’avion aussi. Dans l’idéal, j’aimerais diminuer ce moyen de transport pour des raisons écologiques. Et, ça va trop vite, on est propulsé d’un endroit à un autre comme si rien ne s’était passé entre temps.
On retrouve des déplacements quotidiens lors des bénévolats : faire les courses par exemple.
Le déplacement a toujours fait partie de ma vie. Je suivais mon père qui déménageait pour le travail. On s’est finalement posés à Bordeaux où j’ai commencé à travailler. J’étais dans le milieu soignant, que j’ai adoré, mais qui a abouti à un gros burn-out avant 30 ans. Il y a eu une évidence. Il fallait partir.
J’étais ergothérapeute. Je travaillais avec des patients et j’avais l’impression que tout ce que je faisais était détruit par le monde soignant. J’ai eu la sensation de m’épuiser à travailler pour rien, de ne pas être écoutée. Ce fut un cercle vicieux. Plus j’étais fatiguée, plus je renvoyais des images négatives. Plus je renvoyais des images négatives, moins j’arrivais à travailler, moins je m’entendais avec mes collègues. J’en suis arrivée à un point où la meilleure solution était de sortir de ce milieu. En arrêt maladie, j’ai lu un bouquin Mange, prie, aime d’Elizabeth Gilbert. J’ai dit à mon compagnon « Allez, on part ». Il m’a dit « Ok, je te suis »
Il voyageait seulement de manière ponctuelle pour les vacances, mais c’est un curieux qui aime toucher à tout. Il aime les défis. En gros, c’est « Ok, il y a ça à faire et j’y vais », comme si le monde était énorme et qu’on y allait tout droit.
Guillaume est parti avec 60 litres. Moi, je suis partie avec 50. Sachant qu’on a diminué et que le but est d’arriver lui à 50, moi à 40. On y est quasiment. On apprend à vivre de manière minimaliste. Je peux me poser n’importe où. J’ai tout ce qu’il faut hiver comme été. À Bordeaux, nous sommes dans un studio de 12 m². Ça nous a paru énorme.
Internet fait partie de notre vie quotidienne tout simplement parce qu’on y trouve la plupart du temps les lieux où dormir, que l’on y recherche les bénévolats, que l’on utilise le GPS, les cartes, les conseils. What’s app et Skype nous permettent de rester très en contact avec la famille. Cela fait aussi que cette vie me convient à l’heure actuelle. J’utilise un peu moins le téléphone.
Voyager d’un endroit à un autre est notre quotidien. Ça prend une énergie et un temps fou d’organiser cela. Au contraire, les vacances sont des moments plus calmes où je n’ai pas besoin de réfléchir à ce que je vais manger parce que je ne reconnais pas les légumes. En France, c’est les vacances, c’est la famille et des lieux que je connais. Ce peut aussi être des moments où je suis fatiguée et où je passe une semaine à ne rien faire en auberge, sans la pression de visiter.
Indéterminée. Je ne sais pas ce que je ferais la semaine prochaine alors vous dire ce que je ferais dans 10 ans est pour moi impossible. Peut-être une ferme. C’est vraiment un projet dont j’ai envie même si je sais que j’ai plein d’idées qui ne sont jamais mises en place… Les deux prochaines années sont assurées financièrement. Nous dépensons à peu près 4000 euros par an. L’idée est de trouver des métiers que l’on puisse faire depuis n’importe quel lieu, pourquoi pas en télétravail de manière ponctuelle.
La liberté. Cette possibilité de sortir du cadre que l’on croit être obligatoire : un travail de telle heure à telle heure, faire ce que l’on nous dit de faire. Il y a des contraintes extérieures, mais il n’y a que moi qui définit ce qui est possible ou pas.
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