Iris, 35 ans, et son compagnon Geoffrey, 32 ans, participent à la construction d’un éco-hameau dans le Var. Une quinzaine de ménages a fait le choix de vivre en proximité, dans un habitat participatif et écologique.
Iris, 35 ans, parle de son futur quartier. Avec Geoffrey, son compagnon de 32 ans, et leur fille de deux ans, ils ont fait le choix de vivre dans un éco-hameau au Cannet-des-Maures, un village du Var. Le couple rêvait d’une maison écolo, mais l’engagement communautaire était tout aussi important. En ce moment, les travaux sont réalisés en auto-construction par les futurs habitants. Une salle commune, un atelier, un potager et une buanderie seront créés. En attendant, ils vivent tous en mobil-homes et caravanes sur le terrain.
Au départ, ce sont Bernard et Nicole, un couple de retraités, lui artiste, elle médecin, qui souhaitent « un lieu multi-générationnel basé sur l'entraide et la solidarité mettant en commun les compétences et l'expérience de chacun ». La propriétaire d’un terrain d’1,5 ha est conquise. Vingt habitants de 1 à 89 ans rejoignent le projet. La construction démarre à l’été 2015. Leurs aventures sont sur le site de l’éco-hameau du Bois de Brindille et sur leur page Facebook. Au fait, ils cherchent encore trois ménages intéressés…
Je suis Iris. J’ai 35 ans. Je suis traductrice indépendante pour TV5 Monde. Ça me permet de travailler de chez moi, ce qui est assez confortable. Je suis mariée avec Geoffrey qui a à peu près le même âge que moi. Je viens de Hollande, mais j’ai grandi dans le Sud de la France avec mes parents près de Cannes. Geoffrey vient de Belgique. On a une fille de bientôt deux ans. Je suis enceinte et j’attends mon deuxième enfant.
Nous habitons au Cannet-des-Maures, dans le département du Var. Depuis l’été 2015, nous construisons un éco-hameau, un habitat participatif et écologique avec 15 autres ménages. Pendant la durée des travaux, on s’est installés dans un mobil-home sur le terrain. C’est possible parce qu’il fait beau dans le Sud de la France.
On a vécu dans des grandes villes européennes. On bougeait beaucoup. Tout était très réglé. J’étais très contente à la fin de la journée de pouvoir me dire « ah j’ai fait tout ce que je voulais aujourd’hui… ». La valeur de ma journée se mesurait à ce que j’arrivais à faire dans la journée.
Puis, on a eu l’occasion en 2011 de faire un voyage en Australie pendant 8 mois qui était en rupture totale avec notre mode de vie d’auparavant. On a souvent tendance à trouver notre petit confort dans notre routine. On se dit qu’on est bien, que ça va, alors qu’au fond on ne vit pas vraiment comme on le rêverait ou comme on le souhaiterait. Rompre cette routine te force déjà à te poser plein de questions. Le sentiment de liberté est super important quand on est en voyage. Et il y a les rencontres que l’on fait : des gens qui ont une vie différente, et on se dit « c’est génial comment ils vivent ». Par exemple, on a rencontré une famille suisse avec cinq enfants qui a fait le tour du monde dans leur petit van. Ils l’ont construit eux même et puis ils ont écrit un bouquin. Et je me suis dit « En fait, on peut ! ». En revenant d’Australie, on a repris un peu notre rythme de vie précédent. Nous nous sommes rendus compte avec Geoffrey que ça ne pouvait pas nous combler complètement. Ce qui m’a vraiment décidé, c’est quand je me suis retrouvée enceinte de ma première fille. Je me suis dit « Il faut qu’on parte ». Je ne voyais pas ma fille grandir dans un environnement où elle ne voit pas les saisons, où elle ne voit pas la nature. On a décidé de descendre dans le Sud de la France.
Par ailleurs, j’avais une préoccupation écologique assez ancrée. Je suis végétarienne. J’essaie de valoriser au maximum les circuits courts. On a cherché à rentrer dans un projet d’éco-hameau. On a eu un peu de mal à trouver cette communauté qui nous correspond.
Pendant que les uns gèrent les courses et la cuisine, les autres travaillent sur le chantier, en fonction des capacités et spécialités de chacun. Les voiries et les réseaux sont finis. On va bientôt commencer les travaux de terrassement. Les choses avancent lentement. La vie en communauté n’est pas toujours facile. Toutes les décisions sont prises en groupe et il y a des choses sur lesquelles on n’est pas forcément d’accord. En plus, on est dans un fonctionnement très horizontal au hameau. Nous avons choisi de ne pas avoir de leader, pour favoriser l'unité et l'égalité au sein du groupe.
Je fais du télétravail depuis chez moi. Ça me donne une certaine souplesse car l’éco-hameau demande que l’on y soit au moins à mi-temps. Les revenus que je tire de mon télétravail, nous servent d’appoint et permettent à Geoffrey de se concentrer à fond sur les travaux. C’est assez contraignant tout de même. En télé, le programme doit être diffusé à une heure précise. Ça m’impose souvent de bosser le soir.
On aimerait devenir en partie autonomes en nourriture. Il y a un projet. Je pense que ça ne sera pas intégralement autonome, mais on devrait installer un poulailler, un potager et un jardin.
Nous avons un magasin bio vraiment tout près, à cinq minutes en vélo. On y va avec le panier sous le bras. Par ailleurs, on est investis dans l’économie circulaire. Par exemple, on aide un maraîcher du coin sur son terrain en échange de légumes.
De manière générale, on essaie de jeter le moins possible. Ecce Terra, un restaurant coopératif du village, a organisé une « gratiferia ». Chacun amène les objets dont il n’a plus l’usage et prend gratuitement d’autres objets. On peut aussi donner sans rien prendre ou prendre sans donner. Exceptionnellement, je vais faire du shopping si j'ai besoin d'un truc particulier, mais en général on trouve ce qu’on veut sur place.
On peut faire tous nos déplacements à pied ou en vélo. Le village est à un kilomètre, on met 10 minutes pour y aller. Je fais de la gym et du yoga là-bas. Les infrastructures ne sont pas hyper adaptées pour le vélo, contrairement à la Hollande. Sur la route, j’ai peur de me faire renverser par une voiture et le massif des Maures est vallonné. C’est compliqué avec ma fille. Mais s’il y avait des infrastructures, je prendrai le vélo bien plus souvent.
Geoffrey bouge peu. Il va chercher du matériel pour le chantier à droite à gauche avec un gros véhicule. Après, on a une voiture. Je mets deux fois par semaine ma fille à la crèche du village. Je fais souvent ce déplacement en voiture car c’est compliqué de la faire marcher sur un kilomètre. Ça m’arrive aussi d’aller voir mon amie Pauline à Brignoles, à 30 km, ou d’autres amis. On n'aime pas trop utiliser la voiture, mais habiter dans une commune de 1500 habitants nous isole, d'autant plus que les transports en commun sont chers et assez mal réglés. Ceci dit, le éco-hameau, c’est déjà beaucoup d’amis qui vivent sur place. On est toute une communauté. On partage les mêmes valeurs.
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