Réhabiliter le périurbain

Quand il est question de l’avenir des territoires, la ville dense est érigée en modèle unique et indépassable de développement durable. Inversement, les espaces périurbains sont stigmatisés.

Et si on ne les considérait plus comme des espaces repoussoirs et sans qualités, marqués par le gaspillage d’espace et d’énergie, l’entre soi, la dépendance automobile et l’uniformité paysagère ? Ces espaces ne vont pas disparaître et, à y regarder de plus près, ils sont le lieu d’initiatives, de pratiques et de modes de vie qui dessinent des mobilités durables pour demain.

Il est nécessaire de changer de regard et de réhabiliter les espaces périurbains. C’est l’objet du livre, qui fait suite aux deuxièmes Rencontres internationales du Forum Vies Mobiles. Tous ceux qui ne veulent pas se contenter des lieux communs sur le rurbain – puisque telle est la dénomination que nous proposons de réinvestir – trouveront dans ces pages des clefs essentielles pour comprendre comment on vit et bouge dans les espaces périurbains aujourd’hui et comment ils peuvent devenir le lieu d’une mobilité durable.

Le propos du livre est organisé autour de plusieurs grandes thèses :

• Le terme de « périurbain » est inadapté. Il renvoie à la dépendance d’une périphérie à une ville-centre alors qu’on observe une autonomie croissante des territoires périurbains. On peut vivre dans le périurbain sans fréquenter la grande ville ! « Contrairement à ce que l’on pense généralement, les pratiques des habitants des espaces périurbains sont marquées par un fort ancrage local. »

• Utilisons plutôt le terme de « rurbain ». Le rurbain est le lieu du métissage entre le rural et l’urbain, de contacts entre la ville et la campagne. Prenons en compte cette hybridation sans privilégier l’un ou l’autre.

• Il n’y a pas un mais des espaces rurbains. On constate une grande diversité des paysages, du lotissement pavillonnaire au village en passant par les quartiers d’immeubles. De même, les modes de vie de leurs habitants ne sont pas uniformes. « Bien que l’on considère habituellement le périurbain comme l’espace privilégié des classes moyennes, ses habitants ne sont pas monocolores. ».

• Les habitants rurbains sont stigmatisés pour leur mode de vie soi-disant énergivore. On les oppose aux habitants des villes denses, présentées comme les fers de lance du développement durable. Des travaux récents remettent en cause cette opposition. « Un certain nombre de données prouveraient que l’empreinte carbone des ménages rurbains est plus basse que celle des habitants des centres urbains. »

• Les espaces rurbains sont des lieux d’innovations sociales et techniques partout dans le monde. Facilement adaptables, ils pourraient permettre de faire face aux crises contemporaines. « Si la richesse d’un lieu se mesure à l’aune de l’inspiration qu’il suscite, alors il faut reconnaître aux territoires périurbains des potentiels sans doute encore largement inexploités. »

• On observe des transformations en termes de déplacements. Grâce à de nombreuses initiatives locales, la voiture individuelle ne sera plus nécessairement, à terme, la solution de déplacement par excellence dans ces territoires. « On observe le développement du covoiturage, de l’autopartage et du transport à la demande. Ces modes d’organisation des déplacements sont particulièrement adaptés aux espaces rurbains. »

• Un certain nombre d’actions concrètes pourraient amplifier ces transformations. Elles sont souvent peu coûteuses mais nécessitent un investissement conjoint des citoyens, du secteur public et des entreprises. « Viser un changement très rapide des parts modales semble délicat, mais réfléchir à des modes de transport alternatifs à la voiture individuelle amène à considérer des aménagements différents, de qualité, sur lesquels tout le monde pourra être gagnant. »
  
  

Ces thèses sont enrichies par des cartes, graphiques et schémas, mais aussi des portfolios de photographes contemporains qui donnent à voir autrement les espaces rurbains tout autour du monde. Des interviews, des encarts présentant les projets de recherche du Forum, des revues critiques d’ouvrages-clés, une bibliographie et un lexique permettent d’aller plus loin.

Flip-book :

Découvrez les premières pages du livre :

pp. 1 – 20 : Premières pages

Mobilité

Pour le Forum Vies Mobiles, la mobilité est entendue comme la façon dont les individus franchissent les distances pour déployer dans le temps et dans l’espace les activités qui composent leurs modes de vie. Ces pratiques de déplacements sont enchâssées dans des systèmes socio-techniques produits par des industries, des techniques de transport et de communication et des discours normatifs. Cela implique des impacts sociaux, environnementaux et spatiaux considérables, ainsi que des expériences de déplacements très diverses.

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Mode de vie

Un mode de vie est une composition - dans le temps et l’espace - des activités et expériences quotidiennes qui donnent sens et forme à la vie d’une personne ou d’un groupe.

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Déplacement

Le déplacement est un franchissement de l’espace par les personnes, les objets, les capitaux, les idées et autres informations. Soit il est orienté, et se déroule alors entre une origine et une ou plusieurs destinations, soit il s’apparente à une pérégrination sans véritable origine ou destination.

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Autopartage

L’autopartage est la mise en commun d’un ou plusieurs véhicules, utilisés pour des trajets différents à des moments différents. Trois types d’autopartage peuvent être distingués : l’autopartage commercial, la location entre particuliers, et l’autopartage « informel » entre particuliers.

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