L’autopartage est la mise en commun d’un ou plusieurs véhicules, utilisés pour des trajets différents à des moments différents. Trois types d’autopartage peuvent être distingués : l’autopartage commercial, la location entre particuliers, et l’autopartage « informel » entre particuliers.
La pratique de l’autopartage repose sur un nouveau rapport au véhicule : on passe de la possession du bien à l’utilisation du service.
L’autopartage permet des économies aux usagers, engendre une réduction de l’utilisation de la voiture au profit d’autres modes de transport, et libère des places de stationnement 1 . L’utilisation de la voiture individuelle est alors considérée comme un mode de déplacement parmi d’autres (Transports en Commun, vélo, marche à pied, covoiturage, etc.).
Ces deux types d’autopartage se pratiquent essentiellement dans des grandes agglomérations, qui offrent une densité minimale de population 3 et un réseau de transports en commun garantissant l’accès aux véhicules.
Au départ, il a fallu un facteur déclenchant : la panne d’un véhicule et la question du rachat d’un autre, ainsi que la connaissance d’un autre ménage possédant un véhicule peu utilisé. Parallèlement à ce facteur déclenchant, l’étude MOUR 7 a montré que les autopartageurs avaient d’autres caractéristiques en commun :
Comment favoriser la pratique de l’autopartage dans les espaces de faible densité (ruraux ou périurbains), où 75 à 80% des déplacements sont réalisés en voiture et de manière essentiellement autosoliste pour des déplacements pendulaires ? Quatre éléments facilitent l’autopartage8 :
L’autopartage « commercial » et de « location entre particuliers » est considéré comme un service de « location de véhicule sans chauffeur » 8 , et n’entre donc pas en concurrence avec les sociétés de taxi ; un flou juridique subsiste néanmoins entre l’autopartage et la location de véhicules classique.
L’autopartage « informel » entre particuliers est généralement pratiqué sans que soit créée une structure juridique spécifique, en particulier lorsque le véhicule partagé appartient à l’un des ménages autopartageurs. Néanmoins, B. CORDIER (2013) recommande la signature d’un contrat de droit privé qui précise le fonctionnement de l’autopartage, le rôle et les obligations de chacun, le partage des frais, etc.
La société américaine ZipCar 9 a été fondée en 2000 : en janvier 2014, elle est implantée dans 28 états américains et canadiens, ainsi qu’en Espagne et dans 5 villes britanniques ; elle vise également les universités, et est présente sur 12 campus.
Le réseau Cityz, créé en France en 2004 (sous le nom de France-Autopartage), 10 regroupe en 2014 « 16 services indépendants d’autopartage, présents dans plus de 80 villes françaises avec 700 voitures partagées. »
Enfin, en Europe, l’autopartage s’est développé essentiellement en Suisse (Mobility Carsharing, la plus importante compagnie d’autopartage commercial, compte 1 380 antennes dans tout le pays, avec 2 600 véhicules 11 ), Autriche et Allemagne (d’après le CERTU 12 , en 2007 les nombreux petits opérateurs allemands d’autopartage qui agissent à l’échelle d’agglomérations comptabilisaient 100 000 utilisateurs dans 250 villes).
Selon une étude réalisée par CarSonar 13 , la France comptait en 2013 plus de 23 000 véhicules loués en autopartage entre particuliers. Cette pratique est également présente à l’étranger, sous le nom de peer-to-peer carsharing : la première compagnie d’autopartage-location entre particuliers est RentMyCar, créée en Allemagne en 2001 ; ont suivi de nombreuses autres, en Allemagne (Autonetzer 14 , la plus importante compagnie d’autopartage, propose 4 500 véhicules, loués par 35 000 utilisateurs actifs), en Grande-Bretagne (qui propose de nombreuses compagnies telles WhipCar, Getaroung, Go-op, etc.), etc.
Florence B. vit dans un village rural qui offre de nombreux commerces, et peut se rendre à pied ou à vélo à son travail. Elle possède un vieux véhicule qui reste stationné devant la maison : elle l’utilise seulement pour les activités des enfants ou pour les rendez-vous médicaux. C’est une « roue de secours », qui lui coûte cher et qui s’abîme en ne roulant pas. Lorsque la voiture d’Emmanuelle C., une amie et collègue qui vit à 1 km de chez elle, tombe en panne, elle lui propose de partager, « le temps qu’elle en achète une autre » ; finalement, le partage de voiture se poursuit, et elles finissent par signer un contrat de droit privé. Les deux maris sont davantage attachés à leur voiture et ne participent pas à l’autopartage. Cet exemple rassemble tous les éléments d’un autopartage « facile à vivre » : faible distance géographique entre les autopartageuses, besoins limités de la voiture au quotidien, emplois du temps facilement compatibles, existence d’un réseau d’entraide.
6-t (2013), Enquête nationale sur l’autopartage, l’autopartage comme déclencheur d’une mobilité alternative à la voiture particulière , Rapport final de recherche
ADEME (2012). Pour le développement de l’autopartage en France
ADREANI A. (2011). Autopartage, contexte et état des lieux des pratiques , PNR Loire-Anjou-Touraine
CarSonar (2013). Découverts du marché français d’autopartage et location de voitures entre particuliers
CERTU (2006). Etude sur les obstacles juridiques au développement des nouveaux services de transport
CERTU (2008). L’autopartage en France et en Europe. Etat des lieux et perspective .
CORDIER B. (Octobre 2009). L’autopartage dans la sphère privée , Étude réalisée par ADETEC pour l’ADEME et le MEEDDM dans le cadre du PREDIT
CORDIER B. (2013), Guide pratique de l’autopartage entre particuliers , ADETEC
HUYGHE M. et alii (2013). Quelles mobilités en milieu rural à faible densité ? Rapport final du projet MOUR
QUETELARD B. (2010). Se rendre au travail ou faire des courses motive toujours un déplacement quotidien sur deux. Le recours à la voiture se stabilise , in CGDD (2010). La mobilité des Français, in La Revue du CGDD
SCHMIDER J.B. (2013) Quels modèles économiques et juridiques pour l’autopartage ? , Présentation PREDIM, 31 mai 2013
http://autopartageentreparticuliers.blogspot.fr/
1 6-t (2013)
2 ADEME (2012)
3 Selon J.B. SCHMIDER (2013), le potentiel est le plus élevé dans les métropoles de plus de 300 000 habitants.
4 CORDIER B. (2013 )
5 HUYGHE M. et alii (2013)
6 CORDIER B. (2013)
7 HUYGHE M. et alii (2013)
8 CERTU (2006)
9 www.zipcar.com
L’autopartage est la mise en commun d’un ou plusieurs véhicules, utilisés pour des trajets différents à des moments différents. Trois types d’autopartage peuvent être distingués : l’autopartage commercial, la location entre particuliers, et l’autopartage « informel » entre particuliers.
En savoir plus xLe déplacement est un franchissement de l’espace par les personnes, les objets, les capitaux, les idées et autres informations. Soit il est orienté, et se déroule alors entre une origine et une ou plusieurs destinations, soit il s’apparente à une pérégrination sans véritable origine ou destination.
En savoir plus xLes altermobilités recouvrent l’ensemble des comportements de déplacement alternatifs à un usage exclusif de la voiture particulière. Elles revendiquent également un certain droit à la lenteur, ce qui suppose une articulation originale des espaces géographiques et sociaux en lien avec un usage limité de la voiture.
En savoir plus xPour le Forum Vies Mobiles, la mobilité est entendue comme la façon dont les individus franchissent les distances pour déployer dans le temps et dans l’espace les activités qui composent leurs modes de vie. Ces pratiques de déplacements sont enchâssées dans des systèmes socio-techniques produits par des industries, des techniques de transport et de communication et des discours normatifs. Cela implique des impacts sociaux, environnementaux et spatiaux considérables, ainsi que des expériences de déplacements très diverses.
En savoir plus xPour citer cette publication :
Marie Huyghe (30 Janvier 2014), « Autopartage », Préparer la transition mobilitaire. Consulté le 21 Novembre 2024, URL: https://forumviesmobiles.org./dictionnaire/2136/autopartage
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