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Jean-Christophe, un kayak dans la tête


Jean-Christophe Rolland, 46 ans, est pompier. Il vit avec sa femme et leurs 6 enfants dans l’agglomération grenobloise. Sa particularité : il fait ses trajets quotidiens en kayak et en vélo.

 

Jean-Christophe, la cinquantaine approchante, parle de son système de vélo-kayak avec entrain. Il a conçu lui-même une solution pour se rendre de Saint-Egrève (où il habite) à la caserne de Sassenage (où il travaille), dans l’agglomération grenobloise. Cinq kilomètres qui lui permettent de faire du sport au quotidien et d’accorder plus de temps à sa femme et à ses six enfants. Le vélo lui sert aussi pour faire les courses ou chercher ses enfants à l’école.

Même s’il ne conçoit pas son mode de vie comme un engagement politique, Jean-Christophe porte attention à son environnement. Il a surtout eu besoin de mettre du sens dans sa vie. Informaticien de formation, il a tout plaqué il y a 20 ans pour devenir pompier. Proche des autres et de la nature, il se sent à son aise. Il partage son expérience à travers son blog.

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Qui êtes-vous ?

Je suis originaire de Lyon où j’ai vécu jusqu’à il y a une vingtaine d’années. Ensuite, je suis allé à Grenoble pour mes études d’informaticien. J’ai travaillé pendant 5 ans. Puis, j’en ai eu un petit peu marre du contexte du boulot, de la pression qu’il y avait à faire des programmes pour gagner des dollars. Je me suis dit qu’il y avait des choses plus importantes dans la vie. Pour être en adéquation avec tout cela, je suis devenu pompier. C’est ce que je fais depuis 20 ans. J’habite à Saint-Egrève dans l’agglomération de Grenoble. Je suis marié et j’ai six enfants.

Vous allez au travail en vélo et en kayak. Vous pouvez nous expliquer ?

Je suis pompier à Sassenage. La maison et la caserne sont distantes de 2 km à vol d’oiseau. Je pouvais faire le trajet à vélo, mais j’avais deux obstacles : l’Isère et l’autoroute A48. Que je passe par le nord ou le sud, j’avais deux ponts à traverser et la sensation de revenir sur mes pas. Ça ne me plaisait pas.

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Je faisais déjà du kayak pendant mes loisirs et je le tractais déjà avec le vélo, donc pourquoi ne pas le faire quotidiennement ?

Je pars de la maison. Il y a 2,5 km en vélo, kayak puis vélo. Il y a un barrage en aval, donc le plan d’eau est assez calme. Pour le courant, je suis surtout tributaire du sens du vent. Le trajet dure une demi-heure en tout alors qu’en vélo, ça faisait 20 min. Mais c’est un plaisir incomparable ! Le faire toute l’année est super sympa parce que l’on voit vraiment les saisons qui changent, la faune et la flore évoluer, les petits lapins grandir, les canards, les castors, les cygnes …, c’est la Vie qui défile devant moi !

Et vous prenez le vélo dans le kayak ?

Au début, je faisais cela avec un VTT. Je laissais le vélo accroché au bord de l’Isère et je faisais ma traversée en remontant l’Isère. Arrivé près de la caserne, j’étais avec mon kayak et je finissais à pied. Mais je ne savais jamais si j’allais retrouver mon vélo près des arbres à la fin de ma garde ! Le facteur déclencheur a été la fois où j’ai trouvé le cadenas explosé à coups de cailloux sans qu’ils aient pu l’ouvrir. Je me suis dit « il faut que je trouve un autre système ». Je suis passé au vélo pliant. L’idée, c’est de pouvoir l’embarquer dans le kayak et de l’avoir de l’autre côté.

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Vous avez construit cette solution vous-même ?

Un copain soudeur a installé un système sur le porte bagage du vélo. Le cahier des charges était que ça ne soit pas trop lourd, que ça soit efficace, que je puisse le démonter facilement et que l’on puisse plier le vélo avec le système dessus. Le kayak est un double-coque insubmersible. Il y a des trous pour mettre facilement les roues pour tirer le kayak.

Pour financer ce vélo qui est le top dans son domaine mais un peu cher pour moi, j’ai fait appel à un site de financement participatif. J’ai médiatisé le projet. Il y a eu un reportage sur France 3 et des articles dans les journaux du coin : Le Dauphiné Libéré, Isère Magazine, GreNews…

Quelle a été votre motivation ?

Le but était double : que le transport ne soit plus une contrainte et pouvoir faire du sport sur mes temps de trajet. Avec les 6 enfants, ma femme est mère au foyer. Avant, je faisais du kayak sur une partie de mon temps libre, ma femme gérait la maisonnée. C’était aussi un choix pour la soulager, je suis plus présent aujourd’hui. C’était un défi de faire cela toute l’année. Au début, je ne le faisais qu’une fois par semaine en sélectionnant le jour où il faisait le plus beau. Après, quand est venu l’été, je suis passé à tous les jours. Puis, je me suis dit que je pouvais le faire toute l’année. Ça fait 3 ans. Du coup, j’ai moins besoin de partir faire du sport sur mon temps de repos puisque je me fais plaisir au quotidien en faisant du kayak sur le trajet du travail. C’est devenu un moment de transition, de respiration, important entre la maison et le travail, que ce soit à l’aller comme au retour.

Il y a une préoccupation écologique d’une certaine façon ?

Ce n’est pas de l’écologie, au sens politique du terme. C’est plus naturel que ça. Par exemple, faire attention à l’éclairage est un petit geste du quotidien. Je trouve ça simplement normal lorsqu’on est sur cette Terre qui nous nourrit et que l’on est en train de détruire.

Et quelles sont vos modalités de déplacement au quotidien ?

J’essaie de tout faire en vélo, y compris pour l’école et les activités des enfants. Au début, c’était avec siège vélo, mais l’enfant ne voyait rien. Un jour, il y en a un qui est tombé. Le vélo était instable. Nous sommes passés à la remorque. Ils peuvent être dedans, dormir tranquille, on peut y mettre du matériel et on peut décrocher la remorque si besoin pour utiliser le vélo plus librement.

Je vais faire les courses deux fois par semaines avec deux sacoches en vélo à trois kilomètres. Avec le minibus pour des courses plus importantes. Sinon, le marché c’est deux fois par semaine à côté de chez nous à 100 mètres, en privilégiant bien sûr les produits locaux et forcément de saison.

Vous partez en vacances ?

On ne fait pas que du kayak ! (rires) J’ai aussi d’autres centres d’intérêts. Je vais voir ma famille, ou celle de ma femme, des amis plusieurs fois par an avec le minibus. Sinon, on ne se déplace pas beaucoup.

A la maison, le jardin est aménagé pour les petits et grands, avec un parcours accrobranche, une piscine hors-sol, un trampoline, plein de jeux, des poules qui nous donnent des œufs frais. La maison que nous louons est située sur un terrain familial. Les espaces ne sont pas cloisonnés. Nous entendons très bien avec nos voisins et nous nous rendons très régulièrement des services.

Mais tout de même, en avril dernier on est parti en famille et avec des amis faire la visite des châteaux de la Loire en kayak. Ça permet de visiter et de bivouaquer. L’autre famille avait un camping-car. On naviguait la journée. Le soir en arrivant au lieu de bivouac, je remontais avec mon vélo, j’allais chercher le camping-car, je le ramenais et on avait de quoi faire à manger, les tentes, les duvets. Le lendemain matin, on partait plus loin. Les étapes étaient d’une trentaine de kilomètres. Mais c’était le premier jour. Après il y a eu des réclamations (rires). On a fait un petit peu moins. Cet été, je prévois de rejoindre la mer méditerranée en kayak en partant de la maison, en solo cette fois.

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Qu’est-ce qui vous plaît dans cette manière de vivre, de vous déplacer ?

Dans la vie, il ne faut pas attendre que l’on nous trouve des solutions et là, j’ai développé une solution qui me convient personnellement. Je suis en contact avec la nature tous les jours, je fais du sport, je suis autonome. Je pense que l’on peut régler beaucoup de problèmes comme cela. Il faut se prendre en main soi-même.

kkayak



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Propos recueillis en mars 2016

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